Ils mettent du jeu dans leur expérience collaborateur

Quand la formation devient immersive

93 % des salariés déclarent ressentir du stress au travail, tandis que 74 % souhaiteraient un accompagnement plus poussé de leur employeur sur les questions de bien-être et de prévention santé. Pourtant, les formations classiques en la matière peinent à captiver leur audience. Pour y remédier, certaines entreprises ont trouvé un moyen plus engageant de sensibiliser leurs équipes : le jeu.

Chez STEF, spécialiste du transport et de la logistique, les sessions de prévention aux risques professionnels ne se limitent plus à des diaporamas rébarbatifs. L’entreprise a mis en place un escape game grandeur nature où les salariés sont plongés dans des mises en situation réalistes : identifier un risque électrique, réagir à un départ de feu ou encore sécuriser un chargement. Une manière d’ancrer les bons réflexes sans la rigidité des formations classiques.

De son côté, le groupe Saint-Gobain s’attaque à un problème tout aussi préoccupant : les troubles musculo-squelettiques (TMS), première cause de maladies professionnelles en France. Son serious game met les salariés en situation et leur apprend, en temps réel, à adopter les bonnes postures grâce à des retours immédiats.

SOHPEM (Société des Oeuvres d’Hygiène du Personnel Michelin) a misé sur un escape game centré sur le sommeil et l’alimentation, offrant une approche dédramatisée et engageante pour sensibiliser les collaborateurs aux bonnes pratiques de santé.

Apprendre par l’expérience, plutôt que par la théorie, la clé pour sensibiliser durablement les salariés ?

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Le jeu pour bousculer les idées reçues 

L’inclusion en entreprise est devenue un enjeu stratégique. Si 84 % des candidats estiment que ce critère est décisif dans leur choix d’un employeur (Têtu Connect), seuls 36 % des organisations valorisent réellement la diversité (Workday, 2022). Pour dépasser les discours de façade, certaines misent sur des expériences immersives permettant aux collaborateurs de se confronter directement aux réalités des discriminations et des biais inconscients.

À Toulouse, la mairie a misé sur « Enigma », un escape game immersif permettant aux participants de se glisser, le temps d’un défi, dans la peau d’une personne en situation de handicap. Privés d’un sens ou contraints d’utiliser un fauteuil roulant, ils doivent surmonter des obstacles du quotidien, leur faisant ainsi toucher du doigt la complexité des situations vécues par les personnes concernées.

Saipol, filiale du groupe Avril, a poursuivi son engagement pour la diversité et l’inclusion avec la 2ᵉ édition du Tour de France de la Mission Handicap. À travers un atelier interactif et immersif, les collaborateurs ont exploré 5 thématiques clés : égalité femmes-hommes, inclusion du handicap, diversité culturelle, orientation sexuelle et biais inconscients. Ce projet sensibilise aux stéréotypes et favorise un environnement plus inclusif.

Quant à Renault, l’entreprise propose “Vivre Ensemble la Diversité”, un serious game interactif conçu avec Daesign. Ce jeu place les collaborateurs face à des situations du quotidien où leurs choix influencent directement le déroulé du scénario. À travers des mises en situation variées — réunions, entretiens, échanges informels — les joueurs sont amenés à identifier des biais inconscients, interagir avec des personnages aux profils divers et prendre des décisions qui impactent l’inclusivité de leur environnement de travail. 

L’objectif : montrer que l’inclusion repose sur des choix concrets du quotidien, tant à l’échelle individuelle que collective.

La transition écologique à l’épreuve du jeu 

La question environnementale s’impose désormais comme un enjeu de premier plan pour les entreprises. Selon le Baromètre RSE 2024 (Les Échos), 73 % des salariés considèrent que l’engagement sociétal de leur employeur influence leur motivation. Mais comment transformer cette prise de conscience en actions concrètes ?

Certaines entreprises ont choisi d’impliquer directement leurs collaborateurs dans une démarche ludique et collective. Le CSE de Capgemini, par exemple, utilise la plateforme Energic pour organiser des challenges écologiques en équipe. Objectif : inciter les salariés à adopter des réflexes plus responsables, en cumulant des points à chaque action réalisée (éteindre les lumières, réduire sa consommation de papier, privilégier le vélo…).

D’autres entreprises, comme Nespresso, optent pour une approche plus immersive. Son escape game digital place les collaborateurs aux commandes d’une entreprise virtuelle où chaque choix influe sur son impact environnemental. Une manière engageante de sensibiliser aux enjeux du développement durable.

La Caisse d’Épargne Aquitaine Poitou-Charentes, elle, a intégré la gamification à son Digital Cleanup Day, incitant les salariés à traquer et supprimer les fichiers inutiles sur les serveurs. Résultat : une réduction de 15 % des données stockées en trois mois. 

Une approche qui intègre l’écologie au sein de l’entreprise à travers des actions concrètes et mesurables.

Défis collectifs, connectés ou solidaires

Si la sédentarité est un mal connu du monde du travail, peu d’entreprises prennent réellement le problème à bras-le-corps. Pourtant, alors qu’un salarié sur deux se déclare en situation d’épuisement professionnel, seules 13 % des entreprises (sports.gouv.fr) ont mis en place des initiatives favorisant l’activité physique.

Pour remobiliser leurs équipes, certaines misent sur la dynamique collective. Allianz a ainsi lancé les Allianz Sports, une sorte de Jeux Olympiques internes où plus de 1 000 salariés de 60 pays s’affrontent dans des épreuves individuelles et collectives.

Groupama Centre Atlantique a déjà proposé un programme annuel d’activité physique mêlant animations connectées, webinaires santé et QVCT. Ce dispositif encourage les collaborateurs à adopter une routine active grâce à des défis collectifs et des données (data) personnelles qui permettent de mesurer l’évolution de sa pratique.

D’autres, comme MD Courtage, ont choisi d’allier activité physique et solidarité. Grâce à l’application Kiplin, chaque pas effectué par un collaborateur est converti en don pour une association pédiatrique. Un double bénéfice : améliorer la santé physique des salariés tout en servant une cause.

AKTO a également adopté l’application Kiplin, encourageant ses collaborateurs à se challenger collectivement via des missions sportives. Ce dispositif favorise l’entraide et l’esprit de compétition saine, tout en améliorant la santé physique des employés.

En associant défis physiques et engagement collectif, la gamification intègre l’activité au quotidien des collaborateurs, favorisant une approche dynamique du bien-être en entreprise.

Engager, mesurer l’impact et favoriser des changements de comportement durables

La gamification s’intègre progressivement à l’expérience collaborateur, de la formation au bien-être en passant par les enjeux environnementaux et sociaux. En introduisant des mécaniques ludiques – à la fois collectives et individuelles – les entreprises explorent de nouvelles approches pour renforcer l’engagement des salariés.

Dans un contexte de désengagement croissant, cette approche figure parmi les leviers choisis pour encourager la participation et l’implication des collaborateurs. Une gamification qui permet de proposer un enchaînement d’étapes (évolution progressive, possibilité de personnaliser les parcours) et, pour les RH, de collecter des données d’usage et d’impact.