Du ROI au SROI : la nouvelle boussole de l’impact
La boussole de l’impact pour les entreprises
ROI. Ces trois lettres, synonymes de rentabilité financière, sont sur toutes les lèvres lorsqu’il s’agit d’évaluer un projet en entreprise. Mais à l’heure où la société et l’environnement réclament une attention croissante, cette approche reste-t-elle suffisante ? Imaginez un outil qui mesure non seulement vos profits, mais aussi vos impacts positifs. Intriguant, non ? C’est ici qu’entre en jeu le SROI (Social Return on Investment).
Ce nouvel indicateur révolutionne la notion de rentabilité en intégrant des dimensions essentielles : celles du bien-être collectif et de la durabilité. Comme le souligne le Rapport sur les Licornes à Impact, « L’impact devient un facteur de différenciation clé pour les entreprises innovantes. » Alors, êtes-vous prêts à évaluer autrement vos succès ?
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ROI vs SROI : un nouvel angle pour mesurer la réussite
Une entreprise investit 10 000 € dans une campagne marketing. Les ventes explosent générant 20 000 € de ventes. Bravo, ROI de 100% réussi ! Mais derrière, cette campagne a généré des tonnes de déchets publicitaires. On célèbre ou on réfléchit ?
C’est là que le SROI (Social Return on Investment) entre en jeu, offrant une perspective plus globale. Au-delà des profits financiers, il prend en compte les impacts sociaux, environnementaux et comportementaux.
Imaginez maintenant investir dans un programme de mobilité douce : les salariés viennent au travail à vélo, respirent mieux, collaborent mieux et, cerise sur le gâteau, votre empreinte carbone diminue. Voilà un exemple concret de SROI positif.
Là où le ROI pose la question : « Combien cela rapporte ? », le SROI demande : « Quel est l’impact global ? ». En intégrant ces dimensions, le SROI devient une boussole incontournable pour une réussite durable et responsable.
Pourquoi le SROI est-il essentiel aujourd’hui ?
Alors que les attentes des consommateurs, investisseurs et collaborateurs évoluent, les entreprises doivent prouver que leurs actions ont un impact positif. Le SROI permet de traduire des résultats souvent perçus comme abstraits (réduction de CO₂, bien-être collectif) en données concrètes et compréhensibles.
En France, le SROI reste encore peu connu, alors qu’il est déjà un standard dans les pays anglo-saxons. Avec des réglementations comme la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), les entreprises devront bientôt prouver leur impact sociétal et environnemental. Le SROI pourrait bien devenir leur meilleur atout pour se conformer à ces exigences tout en se démarquant.
En parallèle, il s’aligne avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU en mesurant des impacts concrets : amélioration de la santé collective (ODD 3), réduction des émissions de CO₂ grâce à des initiatives durables (ODD 13) et promotion de l’inclusion et de l’emploi (ODD 8).
Intégrer le SROI, c’est adopter une démarche active de transformation sociétale.
Étude de cas : quand le SROI prend vie
Café Joyeux : inclusion sociale
« Avant, personne ne croyait en moi. Maintenant, je prouve chaque jour de quoi je suis capable. » Ces mots de Rachel, employée autiste à New York, illustrent à quel point l’inclusion peut transformer des vies. Le Café Joyeux applique cette philosophie en France, en employant des personnes en situation de handicap mental ou cognitif. L’impact est saisissant : 93 % des employés gagnent en autonomie, et 92 % des familles se disent rassurées pour l’avenir de leurs proches. Une inclusion qui dépasse les chiffres et change des trajectoires.
Too Good To Go : combattre le gaspillage alimentaire
Le gaspillage alimentaire est un fléau que Too Good To Go combat avec efficacité. Guillaume, directeur de supermarché et partenaire de l’application, affirme : « Grâce à Too Good To Go, nous avons quasiment éliminé le gaspillage dans notre commerce.« Et les résultats parlent d’eux-mêmes : en 2023, 121 millions de repas ont été sauvés, représentant une économie de 302 500 tonnes de CO₂ – soit l’équivalent de 136 000 vols Paris-Sydney, selon leur rapport d’impact. Derrière ces chiffres, chaque repas sauvé devient un symbole d’action concrète pour un avenir plus durable.
Kiplin : prévenir la sédentarité et réinventer les habitudes
Kiplin combine technologie et prévention en utilisant des jeux connectés pour non seulement lutter contre la sédentarité, mais aussi encourager des transformations durables dans les habitudes de vie. Les chiffres de son rapport SROI parlent d’eux-mêmes : 73 % des participants continuent à pratiquer une activité physique régulière, avec un impact économique estimé à 14,3 millions d’euros par an, notamment grâce à une diminution des arrêts maladie et une amélioration de la productivité.
Comment rendre le SROI compréhensible pour tous ?
À première vue, le SROI peut sembler technique, voire intimidant. Mais avec les bons exemples, il devient une boussole puissante pour démontrer l’impact d’une initiative. Voici comment l’adapter à différents publics grâce à quelques scénarios fictifs.
Entreprises : l’impact interne, c’est ce qui parle le plus. Prenez l’exemple d’une entreprise qui adopte le télétravail hybride : en un an, elle pourrait réduire les arrêts maladie de 30 % et voir la satisfaction de ses équipes bondir de 20 %. Des chiffres comme ceux-là mettent en lumière des bénéfices concrets pour leur fonctionnement.
Mutuelles et Sécurité sociale : mettez en avant les économies de santé générées par des initiatives préventives. Imaginez une campagne en entreprise pour promouvoir l’activité physique : elle pourrait réduire de 15 % les troubles musculosquelettiques, entraînant une économie annuelle de 200 000 € pour le système de santé. Le SROI transforme ces efforts préventifs en gains financiers mesurables.
Pouvoirs publics : des données claires et chiffrées, c’est ce dont les décideurs publics ont besoin. Une commune investit dans des panneaux solaires pour ses écoles ? Elle pourrait économiser 100 000 € chaque année en énergie tout en réduisant ses émissions de carbone de 20 %. Avec le SROI, ces résultats deviennent des arguments solides pour orienter les politiques.
La société : les récits qui touchent au quotidien, c’est ce qui marque. Pensez à un atelier de cuisine zéro déchet : les familles participantes pourraient réduire leurs déchets alimentaires de 30 % et mieux gérer leur budget courses. Ce genre de transformation montre que l’impact va bien au-delà des chiffres.
Recentrer la réussite sur l’impact global
Et si on arrêtait de réduire la réussite à des chiffres financiers ? Le SROI propose une approche plus juste et ambitieuse : mesurer l’impact global de nos actions sur la société et l’environnement. C’est une révolution dans la manière de penser la performance.
En France, l’enjeu est clair : s’aligner sur les standards internationaux et placer l’impact au cœur de la stratégie des entreprises. Des initiatives comme l’Indice Impact 40/120, qui met en lumière des start-ups à impact comme Kiplin, prouvent que responsabilité et performance ne s’excluent pas. Au contraire, elles se renforcent.
Adopter le SROI, c’est prouver qu’innovation et transformation positive peuvent aller de pair. Et si on mesurait enfin ce qui compte vraiment ?