Les chiffres de la sédentarité au travail

Prévention Santé
4 minutes
Augmentation du temps passé dans des transports passifs, omniprésence des écrans, émergence du télétravail… La sédentarité gagne du terrain dans les entreprises. Chiffres clés, enjeux et parades.
Augmentation du temps passé dans des transports passifs, omniprésence des écrans, émergence du télétravail… La sédentarité gagne du terrain dans les entreprises. Chiffres clés, enjeux et parades.

Le travail, responsable des comportements sédentaires ?

Et vous, combien d’heures êtes vous assis·se devant un écran chaque jour ? Le travail de bureaux apparaît comme l’un des principaux responsables de la sédentarité.  

Chez les quadragénaires, le temps passé assis (trajet + travail) est estimé à 12 heures lors d’une journée de travail.

La durée journalière passée en posture assise au travail en France a été évaluée en moyenne à 4,17 heures et jusqu’à 6,21 heures pour les salariés estimant exercer un métier comportant majoritairement une posture assise au travail.

Un chiffre qui représente à lui seul près de 64 % du temps total journalier de comportement sédentaire.

Plus globalement, l’étude Esteban (Etude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition) – réalisée d’avril 2014 à mars 2016 – montre que le temps devant les écrans est passé en moyenne de 3H10 par jour à 5H07.

Il suffit de remonter dans le temps pour mettre en relief cette évolution néfaste. L’enquête Sumer (Surveillance médicale des expositions aux risques sanitaire) publiée par la Dares en 2012 démontrait déjà que :

  • Le travail sur écran est passé de 36 % à 52 % entre 1994 et 2010.
  • Rester 20 heures ou plus par semaine devant un écran concernait 12 % des salariés en 1994 et 23 % en 2010.

Comment lutter contre la sédentarité au travail ?

Toutes les heures, levez-vous au moins 1 minute !” Pour Martine Duclos, chef du service de Médecine du Sport et des explorations fonctionnelles au CHU Clermont-Ferrand et présidente de l’ONAPS (Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité), le calcul est simple « Levez-vous toutes les heures pendant au moins une minute. Marchez, tournez en rond, montez un escalier… “.

Même son de cloche du côté de l’INRS qui appelle – dans un rapport publié en 2018 – à organiser le travail de manière à permettre à chacun de prendre une pause active de 5 minutes toutes les heures.

Enfin, une étude britannique publiée en 2015 préconise deux heures de travail debout ou en marchant par journée chez les personnes exerçant une activité sédentaire.

Pour réussir à atteindre ces objectifs, les entreprises doivent prendre conscience de l’impact de la sédentarité sur la santé de leurs salariés et réfléchir à des aménagements ou des moyens de les encourager à bouger. Ils pourront par exemple mettre en place des postes de travail permettant de rester debout ou aller plus loin en encourageant leurs salariés à bouger davantage grâce à des applications ludiques d’activités physiques.

Certaines entreprises proposent ainsi des jeux de santé à leurs salariés. Les équipes sont par exemple invitées à marcher lors de leurs trajets quotidiens. En cumulant des pas, chacun avance dans une histoire à étapes. Le tout en mode collectif pour favoriser la cohésion et accélérer les changements d’habitudes de vie.

Il existe également des applications qui  proposent des parcours connectés dans les villes ou des défis ludiques pour transformer les trajets du quotidien en jeu. 

Ne pas confondre sédentarité et inactivité physique

Selon l’Observatoire National de l’Activité Physique et de la Sédentarité (Onaps) :  

  • 4 adultes sur 10 ont un niveau de sédentarité élevé : c’est à dire qu’ils sont assis ou allongés plus de 7 heures par jour en dehors des temps de sommeil.
  • 5 adultes sur 10 ont un niveau de sédentarité modéré : c’est à dire qu’ils sont assis ou allongés entre 3 et 7 heures par jour en dehors des temps de sommeil.

La sédentarité est une situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique faible en position assise ou allongée, selon la définition retenue par l’Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, environnement travail (Anses). La sédentarité se calcule en MET (Metabolic Equivalent of Task) :

  • 1 MET correspond au niveau de dépense énergétique au repos, assis sur une chaise.
  • Au-delà de 2 METs, une activité est considérée comme une activité physique.
  • Une activité sédentaire est inférieure à 1,6 MET.

L’inactivité physique est définie comme un niveau insuffisant d’activité physique d’intensité modérée à élevée, soit moins de 150 heures par semaine.

L’OMS recommande de pratiquer une activité physique modérée, comme la marche, 30 minutes par jour sur 5 jours.

Les risques de mortalité dus à la sédentarité

Selon les chiffres récoltés par l’Onaps, la sédentarité accentue les risques de mortalité, même chez les personnes qui pratiquent une activité physique :

  • La mortalité toutes causes confondues augmenterait de 2 % chaque heure en cas de position assise entre 4 et 8 heures dans une seule journée.
  •  Au-delà de 8 heures, la mortalité augmente de 8 % par heure.
  • Enfin, rester assis plus de 10 heures par jour accroit la mortalité de 34 %.

Selon une méta-analyse qui comparait les personnes passant le plus de temps en comportement sédentaire à celles y passant le moins de temps, il a été mis en avant une augmentation de :

  • 49 % de la mortalité toutes causes confondues.
  • 90 % de la mortalité cardiovasculaire.
  • 112 % du risque de développer un diabète de type 2.
  • 147 % des pathologies cardiovasculaires.

Enjeu de santé publique mondiale, la sédentarité est enfin considérée par l’OMS comme le quatrième facteur de risque de décès dans le monde (6 %). Celle-ci estime par ailleurs qu’elle est la cause principale de : 21 à 25 % des cancers du sein ou du colon, 27 % des cas de diabète et environ 30 % des cas de cardiopathie ischémique.

Dorothée Duchemin

Contactez-nous